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Форум "Наука"

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Epoque inouie, unique, peut-être, en l'histoire d'un peuple.

Plus de cent ans durant, de 1828 à 14^2, c'est la guerre, farouche, implacable, cruelle, sauvage, l'impitoyable guerre de terroir, la guerre pour le sol et le seuil, pour le pain el l'eau, pour la femelle et les petits, guerre aggravée de l'énervement d'armistices, de trêves, de paix provisoires, — paroles données, jamais tenues — plus néfastes que la lutte même, en ce qu'on s'y émousse et démoralise. — Où est la patrie?

Sur terre et sur mer, partout, effroyables défaites — Crécy, l'Ecluse, — qui nous coûte 3o,ooo matelots et soldats.

Et tandis que l'anglais nous taille ces deuils, l'ennemi intérieur, princes et grands, lutte de folle ambition et de vil intérêt, se disputant comme larrons en foire, s'exterminant en mesquines, en honteuses rivalités, en basses querelles de privilèges, d'héritages, linge publiquement lavé dans le sang. Tout est trahison, guet-apens, meurtre, assassinat, crimes inqualifiables aujourd'hui qualifiés, poison, corde, fer, noyade. — Où est la loi ?

Le doute multiplie les schismes. Jean Wiclefl", dont l'Esprit préparera le cliisme de Henri VIII. pense que Dieu ne peut pas l'impossible : exécuté. Jean Hus pense comme Jean Wicleff; exécuté. Jérôme de Prague pense comme Jean Hus : exécuté. Hussites, Calixtins, Orébites, Orphelins, Adamites, Taborites, tous ceux partageant même erreur, exécutés. Dieu semble obéir au diable. — Où est la raison ?

Le tout, doux Jésus, au nom du Christ, — Où est la pitié ?

Seul, Du Gueselin ose demander îi ses troupes d'épargner les vieillards, les femmes, les enfants, le pauvre peuple « qui n est pas leur ennemi ».

Anarchie dans l'Eglise. Spectacle peu fait pour affermir la foi, seul reconfort du malheureux. Guerre ouverte. Prélats contre Papes. Concile contre Concile. A Bàle, le 17 novembre i439, en la trente-neuvième session, huit évéques tirent le duc Amédée VIII de Savoie, l'un des princes les plus riches de son temps, de son château de Ripaille pour en faire Fanti-pape Félix V, déclarant contumax et déposant Eugène IV, 240^'"'' successeur reconnu de Saint-Pieri'e qui, de Florence, les condamne, eux et leur élu. Comnuinions s'excommuniant. — Où est Dieu ?

Un roi de France, captif en Angleterre. Un roi d'Angleterre, sacré à Notre-Dame de Paris. Un autre, prenant le titre d'Héritier du trône de France. Et le présomptif légitime traité, dans les actes publics, de « soi-disant Dauphin ».

Comme Jean-courte-cuisse, évèque de Paris, refuse de faire soumission à Henri Y, maître de la capitale, le prélat, que son cœur et ses mérites avaient fait surnommer le Sublime, est contraint de se réfugier à Genève où il meurt en I4212.

Déjà, en 11G9, Henri II d'Angleterre était plus puissant en France que Louis YII, les possessions de ce dernier en son royaume n'étant pas la moitié de celles de son Suzerain.

France est comme inondée. Des bandes étrangères y vivent, y font loi, y font souche. — Cent ans « d'accointance et de cousinage » — Trente mille anglais la traversent, de Calais à Bordeaux, sans qu'on leur puisse livrer bataille, sans qu'on y songe. Nature les réduit à six mille.

 

 

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Les Grandes-Compagnies, Filii Belial, guerratores de variis nationibus, non habentes tituliim, Malandrins, Tard-venus, Routiers, ravagent à leur gré, tout leur saoul. Jacques de Bourbon est par ces gens battu à Brignois sous Lyon. Un pape, Urbain V, désintéresse ces bandits par une forte somme pour épargner massacre et pillage à la cité avignonniiise — qui est sienne, ayant été précédemment acquise moyennant quatre- vingt mille ilorins d'or par marché passé le 19 juin 134B, entre Clément VI, pape, et Jeanne, reine. Lui, l'ami de Pétrarque et du tribun révolutionnaire Rienzi, homme d'ambition, politique soucieux de constituer pouvoir temporel en France à défaut de la ville éternelle. Elle, femme détrônée, faisant argent de sa Comté de Provence pour ressaisir la royauté de sa bonne ville de Naples, où on l'exècre. — Princes, alors, sont aussi gueux que les gueux.

Philippe VI, avant institué ou du moins très considérablement augmenté l'impôt de la gabelle, Edouard III, méprisant, dédaigneux, tout en créant l'Ordre de la Jarretière et en interdisant l'usage de la langue française dans les actes publics en Angleterre où l'on s'en était servi jusqu'alors, fait un calembour, surnommant son vaincu « l'auteur de la loi Salique ». /\ Toute industrie morte. Plus de commerce possible. On guerroyé par nécessité d'employer les troupes. Des villes sont saccagées, brûlées, anéanties. Metz, entr'autres. Il faut bien que tout le monde vive. La guerre nourrit la guerre.

Folie et brigandage. Du haut en bas, tout le monde est coupable.

Elevé à l'école de tromperie, le peuple est devenu trompeur.

A Paris, creuset des révolutions, l'ordre, l'ordre divin détraqué, toute hiérarchie disparait et, dans le tohu-bohu, « chacun se paye une tranche de ce qu'il ne sait pas faire (i) » — Nous avons vu cela — Etienne Marcel règne. Trente mille revendicateurs sont armés. Massacre continu. Conciergerie, Grand et Petit-Ghàtelet, Université, Saint-

Eloi, Fort-l'Evêque, Tyron, Bastille, Saiiit-Magloire, Saint-Martin-des-Cliamps, le Temple, le pilori des Halles (P/ï/e-o/y*; pille-oreille), toutes les prisons regorgent. Coupables et innocents mêlés. Et les captifs sont éeharpés par la populace. Comme, après la Journée des Barricades, Guise répondra à Henri III : « Ce sont taureaux échappés, je ne les puis retenir », le Prévôt de Paris, impuissant contre le Ilot, dit à ces hordes : « Mes amis, laites ce qu'il vous plaira ». Ce qu'il plait à ces « amis » de faire, c'est, en vme seule journée, plus de quinze cents victimes. Un bourreau, Capeluche, s'illustre — avant d'être à son tour décollé par son valet.

Il faut une Ordonnance interdisant les jeux de hasard. Il en faut une contre le luxe insolemment provocateur de la noblesse. Il en faut une défendant les guei'res privées.

Avec cela, peste, — peste venue d'Egypte, qui décime l'Europe et inspire à Boccace le Préambule de son Décaniéron, lequel ne sera traduit en français qu'en i52i par Laurens du Premierfaict — maladies contagieuses, infection, — grâce aux. Croisades, deux mille léproseries existent depuis la fin du xin'= siècle — famine. Et nulle police.

Sur ce fumier sanglant, le vénitien Gabriel Condolomero, pape sous le nom d'Eugène IV, ayant consenti la procédure contre Jeanne d'Arc, en 1431, l'année même où l'anglais brûle la bonne lorraine, enfant du peuple qui vient de tout sauver, naît François Villon, François Villon, prédestiné maudit dont la mission sera d'être poète, poète flamboyant de ces jours ténébreux.

 

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Gueux et gueuses en toute liberté comme oiseaux jardissent et font tels coups que, nuit venue, nul ne s'ose aventurer hors les murs.

Les jours de multiples exécutions, on va même à Montfaucon.

Construites sous Plilippe- Auguste — ou sous Philippe le Hardi, — détruites seulement par la Révolution, les fourches patibulaires de Montfaucon, dites «la grande justice», exactement décrites par Victor Hugo en la Préface du Dernier jour d'un condamné, (i5 mars i832), étaient situées entre les faubourgs Saint-Martin et du Temple, à peu près à l'endroit où se trouve aujourd'hui le bassin de la Yillette, à quelques centaines de mètres de cette barrière du Combat illustrée par l'inoubliable premier chapitre de L'âne mort. C'était un massif édifice de maçonnerie dont la base, parouart, liaute d'environ six mètres, longue de quarante, large de dix, supportait seize piliers de dix mètres de hauteur sur lesquels plusieurs étages de poutres transversales où pendaient des chaînes destinées à accrocher une soixantaine de condamnés, macabre statues de ces sortes de hurmrs, de cases on niches de la funèbre colonnade.

A noter que niche vient de l'italien nicchio, coquille, et que le Coquillard, par son genre d'existance, est tout désigné pour aller finir, lugubre farce, dans la niche des fourches, bon a rien, propre à tuer.

Pour ne rien omettre, constatons qu'au xyi"" siècle, les ouvriers imprimeurs de la bonne ville de, Lyon, jnembres de la Confrérie des Joyeux Drôles, jouant des Farces aux jours de fcte et de gaudisserie, jours chers aux coquillards, s'intitulent Suppôts du seigneur de la (.oquille, — Un curieux petit in-8% publié à Lyon, avec figures sur bois, contient les P/aisans deina récités par eux, le dimanche G mars 1094, pour célébrer la réduction de la ville de Lyon à l'obéissance d'Henri IV — coquille, terme demeuré en l'argot typographique pour définir iine erreur de composition, faute constituant le plus souvent une joyeuse farce en changeant le sens d'une phrase.

Et dans l'argot de Saiut-Cyr, le cuirassier, vctu d'une carapace où il est enfermé, comme en une sorte de niche, est appelé coquillard.

Les Coquillards, bande recrutée parmi ce qui restait des Ecorcheurs de Bourgogne, dénoncés 

par leur chef, Dimauclie-le-Loup, aussi nomuié Bar-sur- Aube, pris à Dijon en 1 455, un an avant l'achèvement du Petit Testament, furent bouillis ou pendus sur la place du Morimont. Parmi eux, au nombre de soixante-dix-neuf, notés par le procureur Jehan Rabicotel, étaient René de Montigny qui, accroché au gibet, jargonna, pris de la tremble, et Colin de Gayeux dit Colin de l'Estoile ou l'Escollier, lequel

Pas ne seavoit oingnons peller...

cynique et cruelle plaisanterie a rapprocher de celle d'une des Femmes du peuple, en Lysistrata, menaçant un vieillard.

Une recrudescence du crime — ou des Arrêts — rendait-elle la place insuftisante àMontfaucon, comme en 1450 où l'on exécuta toute une bande de brigands, les cadavres, <<. debuez et lavez, desséchez et noirciz, les yeux cavez par pies et corbeanlx, la barbe et les sourcilz arrachez, plus becquetez d'oyseaulx que dez k couldre, » étaient jetés en un souterrain ouvrant au centre de l'enceinle.

En 1'16, on fut en nécessité d'élever de nouvelles fourches non loin de l'église Saint-Laurent et d'autres eiicore, en 1457, dites « le gibet de Montigny », dans les mêmes parages.

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Et c'est par bandes joyeuses qu'on se rend à ces tueries de justice, y partant dès la veille, en clieniin psalmodiant complaintes et cantiques s[)éciaux dans le genre de la troisième' des Ballades du Jargon :

Espelieans

Qui en tous temps,

laquelle est bien plutôt une manière de «chanson de métier" — le crime est une profession — qu'une Ballade, puis on couche sur, la dure au gazon pelé, — nudo hiiino cubât, dit Virgile — s'y livrant à de grossières ripailles, entonnant vins et refrains et caressant les filles en attendant qu''on se gaudisse au spectacle des moues grimaçantes et des contorsions des patients, les([uels, après tout, meurent folàtrement puisqu'ils Unissent '< le caiche roide >>, comme dit Rabelais, condamnés c|ui sont compagnons, amis, parents dont on s'honore, dont on admire et célèbre les exploits, qu'on imitera et qu'on ira quelque jour remplacer anx j)icon s des hiirmcs, aux crochets des niches de justice. — On était alors cruel d'habituiles et de moeurs.

Misère est noire conseillère Le crime engendre le crime. Entre souffrir et mourir, on se rue aux vices avec la frénésie des désespérés, remettant tout ès-griffes de Monseigneur le Diable, Chacun fait du plus mal qu'il lui est possible, rien ne pouvant être pis. Partout, possédés qui ne sont que fripons, partout, sans rien dire de Jeanne des Armoises, partout fausses Jeanne d'Arc, ribaudes au costume impudique, vendant leur soi-disant fleur d'innocence dans les églises même, devenues marchés de débauche, toute maison, pourtant, en ces '< rues chaudes », recelant un mauvais lieu, sans parler des étuves, des établissements de bains, où '< tout se passe. »

Deux Ordonnances , l'une de 1420 , l'autre de 1446 seront impuissantes à empêcher les courtisanes déporter cette ceinture dorée que Martial appelle ceinture de Vénus, Loruin. d'où lorette, nom déjà porté par les belles-d'amour sous Henri III,

On a beau brûler et enterrer vif, plonger en chaudière, rouer, écarteler, noyer les coupables, rien n'y fait. Nul supplice n'intimide plus. On s'habitue à tout, on se blase sur tout.

Il n'est trésor que de vivre à son aise mais, pour faire bonne chère et avoir bonne mine, il faut du caire, du bien; donc, pour être carieiix, nanti de quelque capital, vendengeiirs de costé, ^isez pickpockets, se jetant sur les passants attar dés, sauront, enlahurteîne, eu la bagarre, cueillir des feuilles, voler des bourses, à défaut de la forte somme contenant maille et, blanc, menue monnaie de billon variant entre six et treize deniers, prise faisant mince d'argent mais ne laissant pas du moins tout à fait descarieiix, décavé, à gousset creux, pas tout à fait sans plue, sans butin.

 

Trouvant trop maigre ce profit, les gueux s'adressent aux gras coffres, muets qu'ils obligent à parler. Autrement dit, ils forcent les caisses. Le papier-monnaie alors inconnu, tout avoir consiste en métal trébuchant et sonnant enfermé dans des huches dont les fermetures ouvragées et compliquées sont chefs-d'œuvre de serrurerie.

Un de ces coffres, précisément du temps de Louis XI, meuble d'un mètre de long sur 80 centimètres de haut, tout chargé d'écussons armoriés soutenus par des lions, des licornes et autres animaux chimériques autant que décoratifs, se trouve à l'Hôtel-Gluny (N° 611).

Ces meubles luxueux, ornementés, ciselés comme châsses et reliquaires, s'appelaient des Arches.

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Ce sont les Arques et Arques-petits ou cassettes, cofrets, revenant à tout bout de vers en ces Ballades. Avant de parvenir à les ouvrir, il fallait travailler dur et longtemps, « limer" devant la résistance de leurs combinaisons savantes. Et voilà pourquoi les voleurs avaient pris pour patron le saint roi David — « David, ly roy, seige prophète » — qui, lui aussi, avait tlansé devant l'arche ; voilà pourquoi ils nommaient Daviot le levier leur servant aux pesées nécessaires pour faire sauter les serrures. Ce petit instrument s'appelle aujourd'hui un « rossignol", mais David n'était-il pas aussi le patron des musiciens ambulants lui qui, en dansant, s'accompagnait en jouant de la harpe ? Au reste, musique a toujours tenu grand place en l'argot, (pii nommait harpes les barreaux de fer grillant les fenêtres des cachots appelés aujourd'hui violons — Violons, des instruments à cordes ? — et qui apelle pianistes les valets accompagnant le bourreau.

Le vieux dicton « Il est parent du roi David, il joue de la harpe», s'explique donc aussi clairement que le nouveau, cité par Privât d'Anglemont, « Jeanne pince de la guitare avec les barreaux de saint Lazare ».

Le « Serrurier », d'ailleurs, est un surnom encore aujourd'hui familier aux voleurs.

 

L'oie, dont le mâle, le Jars, babille en gier, c'est-à-dire jargonne, est du reste chez Villon dée fixe et souvent caressée, poulaille friande si haut notée en son estime que, dès le Petit Testament, c'est-à-dire en i45G (où il peut déjà se dire le bien renommé), il lègue « tons les jours une grosse oye" à son ami Jacques Gardon

 

Cette langue, régulièrement formée, méthodique, syntaxée, c'est le Jargon ou Jobelin, langue double, douteuse, ambiguë, appui de tous les souffreteux, idiome énigmatique fait pour déjouer les justiciards.

Chaque corps de métier, chaque association a son argot spécial où, parfois, se rencontrent ce que nous nous permettrons d'appeler des similitudes par opposition.

Chaque école a son langage. Celui de nos Saint-Cy riens, dont le mot coquillard a été cité plus haut, est tout particulièrement intéressant. Remarquons-y ce double sens bien argotique où, par une ironie matérielle taisant moralement honneiu' aux trésors purement intellectuels du professeur de Belles-lettres, celui-ci est appelé « l'homme riche ».

 

Pour l'argot de Polytechnique, surtout fait de la simple abréviation des mots ou des noms propres, on y rencontre un terme se retrouvant en la troisième des Ballades de Stockholm, Riffaiilt^ dérivé latin dans le vieux texte signifiant toute chose cuicte, roussie au feu ou, au sens Poitevin, brulant par àpreté, comme le Riffort ovi Raifort, Sur la montagne Sainte-Geneviève, Riffault désigne un petit carton octroyé aux élèves par le colonel Rillault, et remplacé par un carton plus grand, le Salanson, portant semblablement le nom de son donateur, le général Salanson.

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Pour la première fois, le mot Jargon se rencontre en la xxii fable du Diet d'Ysopet, de Marie de France qui vécut en Angleterre de 1216 à 1272 et dont le Laïs du frêne est une première version de Grisélidis.

Lors tuit diseint en lor jargon

Que cil oisax qui si canteit...

Quand les hommes de vol approprièrent-ils le mot à leur gazouillement ? Très probablement vers le commencement du xv^ siècle.

 

Toutes ces variantes, Villon les connaît, lui qui sait aux rustres parler le jobelin, aux ouvriers, le pathelin, et aux mignons donner l'accolade pour « frire le rigolo », autrement dit pour les voler. Il sait même aussi quelques mots d'anglais,  bigod, comme Figaro, Goddem ! le fond de la langue. Et, en anglais, un substantif, un adjectif, un verbe actif et un verbe neutre, Cant, ont les sens analogiques de narquois et d'argot, d'oblique, de tourner et d'enjoler ou jargonner.

Poète des humbles de la rue, à ses heures « de la pinse et du croq », Villon a laissé Six Ballades, unique spécimen de cette écriture, composées, selon toute vraisemblance, entre le Petit Testement, qui est de 1456, et le Grant, qui est de 1461 .

Ballade, le mot lui-même tient du Jargon en ce qu'il est d'importation étrangère, venant du sanscrit bdla, jeune, et dura, femme, darika, fille de joie, selon Burnouf, Bâla-dâva, jeune fille galante, Baladera, bayadère, selon Ch. Toubin et, selon Brachet, Scheler et d'autres, de Pâli, poésie laudative, récit épique et de tandi, art de danser « chanson à danser », les danseuses chantant de l'Inde, sœurs des Guesha japonaises et cousines des Ouled-Naïls de la tribu de Laghoust, prêtresses d'amour qui, par leur pas de FAbeille, charment toute l'Afrique du Nord, étant, selon Emile Deschanel, appelées Balladières et non Bayadères et le mot ayant été emprunté par nous à l'Italie où l'avaient introduit les zingari qui le tenaient des arabes.

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Ce Jargon de Villon, dit le bon Colletet, est un recueil de mots dont se servaient les voleurs de son temps, « mots qui sont même passés jusqu'au nôtre », mystère de gueux de Thostièrc que je n'entends pas « et que tout honneste homme ne doit pas aussy tascher d'entendre. 

En la Ballade V, les mots roupieux, carieux et inarieux riment avec le mot emboureux ; en la Ballade VII, ce même dernier mot Emboureux, rime avec joyeux, dieux, mieux, carieux, et marieux. On sait combien Villon est à la fois l'esclave et le maître de la rime ; ne peut-on supposer qu'emboureux s'écrivait et se prononçait embourieux ?

« Pour suffisamment cognoistre et entendre Villon, dit Marot en FEpitre aux lecteurs précédant l'édition qu'il a donnée du poète en 1533, il fauldroit avoir esté de son temps à Paris, et avoir cogneu les lieux, les choses et les hommes dont il parle ».

Paris, a cette époque la cité la plus puante — Eu pleine ville, au cimetière des Innocents, les morts sont enterrés sans cercueil — et la plus sale du monde, cloaque sans nul éclairage, la nuit, c'est la nuit tout à fait, noire et morne. L'hiver, les loups de la foret de Boulogne viennent enlever les enfants jusque dans les ruelles avoisinant la Tour de Nygcon, située à peu près où est le Trocadéro. Le couvre-feu, c'est l'ouvrecrime et, par les rues tortueuses aboutissant à la Seine, linceul qui marche, les cherche-fortune, chevaliers du mal-faire, redoutant le clair-parler autant que le clair de lune, leur morte-saison, ont ce fallacieux auxiliaire, perfide et décevant, le brouillard, pareil k leur argot.

Jargon n'est-il pas un brouillard ? A gens de nuit convient langage obscur. D'où, la langue bigorne, à deux cornes, comme le colimaçon, à deux sens, lexique ondoyant et divers spécial aux malfaiteurs de tous les temps, de Villon à Maurice, surnommé le Bérenger des bagnes.

S'éclipser dans l'inintelligible, là est le salut.

Le brouillard, c'est le dieu protecteur, c'est la disparition, l'évaporation, l'incognito, l'impunité. C'est l'asile. — Grâce à lui, ni vu ni connu, je t'embrouille !

Toute mie famille de mots en dérive, à tout instant employés, sans cesse avec de nouvelles nuances d'acception.

Abrouart, c'est le brouillard, vapeur qui couvre la terre {Barh, couvrir, hala, terre : sanscrit), la broiie, c'est la brume, brouer, c'est fondre sur la victime choisie, être broueulx, c'est fuir (comme une ombre), s'embroiier, c'est, pendu, entrer de la lumière du jour dans le noir de la mort où le cadavre, devenant lui-même broueulx, mangé parle brouUas, se balance, nageant sous la nue, de l'aube à la nuit, du jour çerdoiant — " L'aurore grelottante en robe rose et verte », dit Beaudelaire — à la sorne, à la veillée, souffleté par la frissonnante rafale, en proie à la fressoue du rufjle^ à tous les vents, à toutes les bises, bisacet bisans, avant de s'en aller du tout à néant. ^ Le crime une fois commis, dans le brouillard, il importe de paraître innocent...

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Le grand Can, — où le Jargon a-t-il emprunté l'expression ? Au mot Khan, en en changeant l'orthographe, mot d'origine mongole ayant deux acceptions, la première ; « chef suprême» (Nos armes ne viennent-elles pas de nous apprendre que, chez les Djedji ou Dahoméens, chef se dit Gan ?), la seconde, « marché public », marché entouré d'une colonnade et de nombreuses cellulules (comme le gibet de Montfaucon ?) — ou, pour désigner celui qui a tout pouvoir, au verbe anglais to can ? — le grand Can, ayant en Jargon deux sens aussi, désignera donc tout à la fois et le soleil auquel vous expose le grand Prévôt et le grand Prévôt qui vous expose à ce soleil, sens double et double sens classique en tous les ai'gots où, le plus souvent, chaque mot a plusieurs acceptions, opposées seulement en apparence, de très juste rapport, en réalité.

C'est la raison pourquoi, en la première Ballade, voulant accoler les deux acceptions du mot Can^ pour une unique fois, nous avons ajouté un pied, deux syllabes, au décamètre original.

Après le grand-Prévôt viennent les sous-ordre, les subalternes. Ceux-là, selon les textes, tous différant, sont les Spelicans ou Espellcans.

Villon, par conséquent, n'ayant point été imprimé de son vivant, nous avons traduit ce mot de Spelicans ou Espelîcans par espions de cans, nous autorisant des perpétuelles variantes des copies et des éditions pour couper- en deux ce mot à'exemple unique et y voir, à travers le sanscrit spaça, espion (avec le préfixe E : faisant partie de, une déformation voulue et raisonnée de l'anglais espial, espion, de litalien spiave, de l'allemand sp'dhen ou de l'espagnol espiar au même sens, — Pour dire examiner , Plaute emploie espicio pour adspicio. Pour dire espion, Rabelais se sert d'espies et despial — nous autorisant surtout de Villon lui-même en sa Ballade de l'Appel, à laquelle un autre ordre d'idée nous ramènera tout à l'heure, et où, lui que la nécessité de la rime ne gène jamais par cette raison qu'il est poète, déclare, dans Y Envoi, qu'un peu plus il était pendu

Comme ung espie,

comme un espion ou, selon certains commentateurs, comme un épieur, ce qui, pour la racine ici proposée, est tout un.

Sous LouisXIII, de petits bâtiments servant aux escadres de barques d'Avis et d'éclaireurs, étaient nommés des espies et, si l'on s'en rapporte à Albanès en ses Mj'stères du collège, Pion ne serait pour l'écolier qu'un diminutif d'espion.

Enfin, pour justifier notre décomposition du mot Espélicans, nous nous autoriserons par analogie de celle du mot engoulevent, nom pour ainsi dire générique alors chez les gueux et dont notre « crève-la-faim » moderne peut être considéré comme un juste équivalent. En Provence, avaler se dit encore aujourd'hui angouler, de in gula, d'où in gula ventuin, «en gueule vent » — et c'est la raison pourquoi Rabelais, dont le Gargantua engoule d'abord cinq pèlerins (xxxviii), nomme Engoulevent son capitaine de chevaux-légers, oiseaux de guerre envoyés en éclaireurs (Pantagruel, xxvi). — En ses Misérables, Hugo appelle Fauchelevent un cliarretier.

De fait, ces Espélicans, sans uniforme, sans la cornette dénonçant les soldats du guet, sont mouchards, agents provocateurs, rusés matois plus pervers et redoutables que chat noir en la nuit ou cliat blanc sur la neige, habiles à faire parler malgré eux et par traître surprise ceux qu'ils flairent et recherclient pour les livrer, quand passe la Seyme, patrouille de sept hommes, six soldats et un caporal, à l'un des deux cent vingt archers du prévôt.

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On ne saurait trop «cognoistre quand pipeur jargonne», trop fuir les moutonniers, pareils à ce malotru de Changon, forts à vous compromettre en procès, ni trop éviter de se laisser enterver par ces enterveux, expression que nous avons traduite par tire-aveux, y reconnaissant le mot aujourd'hui revenu d'Angleterre chez nous, mais jadis importé par nous en Angleterre où l'on en a fait interçieiv, connue on a fait reporter de notre l'apporter, dans le sens où le prennent les enfants, comme on a fait attorney de notre atourné, budget de notre bougecte, ticket de notre étiquette et flirt de notre fleureter. 

En employant enterver, enterveux, Villon ne fait du reste que se servir d'un mot déjà vieux en notre langue puisqu'on trouve chez Rutebeut entervéer, savoir, comprendre, de inter, entre, et ceer, voir, simple dérivé de videre.

Rien de surprenant, l'Anglais avait pendant près de vingt ans occupé la capitale et le Connétable de Richemont n'était rentré dans Paris désert que le vendredi de la Quasimodo, 20 avril de l'an 1436. Sur les 15.799 mots du Dictionnaire anglais de Johnson, paru en 1755, 4.812 viennent du français.

En leur ronde, ces agents, ces angeh — ange s'est conservé au même sens : ange gardien, le sergent de ville « protégeant » un ivrogne — parviennent-ils à saisir leur proie, ils vous passent aux mains les menicles, les menottes, les poucettes, vous engrillonnent les doigts, — nous avons toujours le cabriolet, encorde à boyau, qui coupe, ou en fer tressé, qui broyé — vous fixent aux pieds les farges, les fers, les ceps, instrument fermé à clé sur la cheville, puis, la prison s'ouvre, et commence, dans les cachots massifs où l'on vous met au bloc le dur séjour sur les « gluyons de feurre » sur les joncs, paille gluante des cachots.

 

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Le blasphémateur, marqué au front d'un fer chaud, a, pour la récidive, langue et lèvres percées au fer rouge. Chaud, rouge, n'omettez pas la nuance.

L'hérétique est brûlé vif — et l'hérésie est facile en ces temps d'ignorance où nul n'est censé ignorer Aristote (la lumière de Platon ne devait éclairer que le siècle suivant), personne n'ayant le droit de penser, même sans s'en douter, autrement que ce grand maître d'école du Moyen- Age, traduit par un païen, disciple de l'arabe AbouBekre, l'arabe Aboul-Walid-Ibu-Boschd, vulgairement Averrhoes, au xiii siècle de l'ère chrétienne. (La première édition d' Aristote est de 1497, celle de Platon, de 1513).

Notez, le comique jamais ne perd ses droits, que cet Aristote faisant loi au quinzième siècle, au treizième était anatliématisé. Un Concile tenu à Paris en 1210, le vingt-et-unième en cette ville, ayant en ellet condamné les erreurs d'Amauri, clerc de Chartres, mort depuis peu, et quatorze de ses Disciples à être brûlés le 20 décembre, avait aussi condamné au feu la Métaphysique d'Aristote, apportée à Paris et traduite de Grec en Latin, avec défense de la transcrire, de la lire ou retenir, sovis peine d'excommunication.

Les Dieux changent !

Un premier vol, vous voilà des ences circuncis, les oreilles coupées. A remarquer que le mot anglais eut- signifie oreille et anse. Hideux supplice encore en usage au dix-huitième siècle. Sous Guillaume III, Daniel de Foé, l'auteur de Robinson, n'eut-il pas les oreilles coupées? — pour un pamphlet !

Un deuxième vol entraine l'amputation d'un membre (au choix de qui ?), un poignet, le plus communément, et le coupable va désormais avec son moignon, le bras sans nuiin. privé de proue.

Au troisième vol, pendaison.

Qui vole en une église ou, de nuit, soustrait cheval ou jument, aveuglé .

A l'incendiaire, les yeux sont arraches. Encore une nuance.

Pas de potence pour les faux-monnayeurs, la chaudière dliuile bouillante établie au lieu dit « Place aux pourceaux », située sur cette intéressante Butte saint Roch dont l'avenue de l'Opéra est venue aplanir tous les souvenirs,La femme d'un voleur ou d'un assassin, par ce seul fait qu'elle est sa femme, brûlée vive.

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 — En Angleterre, quiconque entrait à la Tour devait son manteau au geôlier.

Notons qu'au premier dizain de la Ballade I, rapport délicat prouvant quel ciseleur était Villon, — L'étonnant et harmonieux enchaînement des soixante-et-un sixains du Dialogue de Mallepaj'e et Baillevant , 366 vers sur 61 rimes, coupe de son invention valant pour le moins les lerzarima, est là pour le prouver — celui-ci, rapprochant le Beffleur, voleur au boniment, de ce havage ou droit au grain, transposant une lettre, écrit Bleffeur, évoquant ainsi la vieille forme Bleif, bled. — Le sanscrit nous donne Bali-âdi, aliment premier. — Respectant l'idée charmante du poète apportée par cette métathèse, nous avons traduit blefleur par glaneur et havage par le pain du bourreau.

 

« Gibet n'est que pour malheureux », dit un vieux proverbe. xVjoutons donc que le premier exemple en France d'un seigneur condamné au supplice infamant de la corde est celui de Remistang, sous Pépin, et que ce genre de châtiment ne fut aboli que par François F"", comme en fait foi un Edit du ii janvier 1535 lui substituant la roue, de beaucoup plus douloureuse, horrible et barbare que la potence, arhor infell.x. comme l'appelle Tite-Live.

 

Au milieu du xvii siècle, Golletet, soupirant « après le curieux et tant désiré Dictionnaire de l'Académie », constate qu'on dit encore « C'est un Villon ». « il ne fait que villonner ».

 

— Dupes, — pour Villon, qui a la morale lacédémonienne, les dupes sont quelquefois les volés, mais bien plutôt ceux des voleurs assez niais et maladroits pour se laisser prendre — dupes, à l'iniproviste greffis. (sanscrit, grah, prendre et upa, en dessous ; hollandais, grijpen) au gart, grippés, saisis au garot ainsi que par la catharreuse grippe qui, elle aussi, rend tout roupieux, mis comme oisillons en cage, on vous verra semblables

Aux pigons qui sont en l'essoine

Enserrez soubz trappe volière,

en vain criant : Haro ! la gorge m'ard ! Puis,  a coups d'eseoui'gon serez battus " comme à rutelle », comme toile au ruisseau. Pour un plaisir, mille douleurs ! Est-ce pas payer plus cher encore qu'aux usuriers de la rue des Lombards ? Beaux enfants, chacun de vous m'écoute ; si vous allez vous ébattre à Montpippeau ou à Ruel, gare à votre peau (i). Potence n'est pas un jeu et, le mauvais coup l'ait, repentailles sont vaines. Perdre corps et âme pour si peu ! Vin ne se boit deux fois, vite argent s'apetisse et ne repousse pas. Jamais mal acquis ne profite !

Ciardez-vous bien de ce mau hasles

Qui noircist gens quand ils sont mortz ;

Eschcvez-le, c'est mauvais mors,

Passez-vous-en mieulx que pourrez.

Редактирано от Геннадий Воля

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